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Les Maîtres Equestres

LES NOTES DE NUNO OLIVEIRA

 repris du site http://www.handicheval.ch/

oliveira
 Nuno Oliveira

Pour commencer cette partie, je vais vous parler de celui qui fut mon Maître à savoir Nuno Oliveira. C'est grâce à son art que j'ai appris à "sentir" le cheval, une discipline qui se fait en douceur et sans heurts. Tous les plus grands cavaliers de dressage, vous diront que Maître Nuno Oliveira était sans conteste l'un des plus grands écuyers de ce siècle qui, avec beaucoup d'enthousiasme, s'efforçait de "faire passer" son savoir, le fruit d'une grande connaissance de la tradition équestre latine, d'un travail constant et surtout d'un talent exceptionnel.

C'est pour cette raison que je vais vous dévoiler les phrases clés du Maître qu'il donnait à ses élèves pour avoir une bonne équitation en parfaite harmonie avec son cheval.

 
 
Nuno Oliveira extrait "Souvenir d'un vieil écuyer portugais"

Les chapitres de cette page :

ÉQUITATION, DRESSAGE, TACT
POSITION ACADéMIQUE
LES AIDES, LEUR EMPLOI
IMPULSION, CADENCE, RASSEMBLER, LEGERETE
ALLURES, EXERCICES, RECTITUDE
TRANSITIONS, ALLONGEMENTS
ÉPAULE EN DEDANS
APPUYER
TRAVAIL AU GALOP

CHANGEMENT DE PIED
PIAFFER, PASSAGE

 

ÉQUITATION, DRESSAGE, TACT

Le drame de l'équitation, c'est que, malgré tout le savoir des cavaliers, le cheval a des réflexes plus rapide que l'homme. Dites vous que à cheval, il ne faut jamais cesser d'observer. L'équitation n'est pas une science précise, il faut "sentir" et non avoir un "système" dans la tête. Dans l'équitation, il y a deux choses; la technique et l'âme, elle est faite d'une quantité de petits détails qui doivent tous être respectés. Lorsque vous vous dites que l'équitation, ce n'est pas la recherche du succès en public et l'autosatisfaction après les applaudissements, mais c'est le dialogue en tête à tête avec le cheval, la recherche de l'entente et de la perfection, qui sont les bases du dressage. En équitation, il ne peut y avoir de véritable méthode, car chaque cheval est un cas, suivant sa personnalité.

Le dressage, ce n'est pas exécuter des airs difficiles, mais rendre le cheval plus docile, plus flexible et lui donner un meilleur équilibre. Le dressage, c'est la recherche de la rondeur, mais également le perfectionnement des trois allures naturelles du cheval. L'art équestre c'est la poésie de tout cela. Un cheval dressé est un cheval souple, agréable à monter, heureux et non un cheval qui fait des gesticulations. Bien entendu la technique peut vous mener à un certain niveau. Mais au delà, il vous faut l'adhésion psychologique du cheval.

L'art équestre commence par la perfection des choses simples. Délaissez un peu la technique et montez avec votre cœur. Il faut sentir et aller jusqu'à l'émotion. Le tact équestre, c'est non seulement la délicatesse des aides, mais aussi le sens du choix des aides à employer, et c'est le velouté dans l'action d'ensemble. Faites en sorte que le cheval se livre volontiers à l'exercice et non sous la contrainte. N'employez jamais la force, sauf si il y a refus de se porter en avant. Cherchez la pureté des trois allures, le reste viendra avec facilité. Prenez l'habitude de caresser quand le cheval s'est donné. Quand le cheval s'énerve lorsqu'on lui demande un nouvel exercice, il faut le calmer dans l'exercice, sinon il s'énervera à chaque fois qu'on lui demandera quelque chose de plus ou de nouveau.

 


LA POSITION ACADEMIQUE

La position académique est la seule qui permette l'indépendance et la finesse des aides :

épaules descendues

nombril vers les oreilles du cheval

pointe des fesses ne dépassant pas vers l'arrière la verticale des épaules

coccyx vers le pommeau

cuisses descendues, muscles relaxés

articulations souples

gras du mollet au contact

talons dans la ligne de la nuque et des épaules.

Il ne suffit pas que la position à cheval soit élégante, il faut qu'elle soit utile. Pour cela elle doit accompagner le cheval souplement. La position académique doit être exempte de raideur; il faut mettre son corps d'accord avec les mouvements du cheval. L'avant-main et l'arrière-main du cheval sont les deux plateaux d'une balance et le buste du cavalier en est le fléau. Des jambes plaquées, même légèrement, contractent à la fois le corps du cavalier et celui du cheval. La position la plus importante n'est pas celle du haut du dos, mais la partie qui va du milieu du dos au creux du genou.

 

LES AIDES, LEUR EMPLOI

Le secret en équitation, c'est d'agir peu et à propos, plus on fait, moins ça va, moins on fait, mieux ca va. Sentez votre cheval, ne le montez pas comme une bicyclette, avec des fesses insensibles. Il est bon parfois de monter les yeux fermés, cela vous apprendra à monter par la pensée. Ajuster les rênes, c'est établir un contact moelleux. Il faut avoir une main immobile avec des doigts mobiles. Vos mains doivent être du ciment si le cheval résiste et du beurre dès qu'il cède. Le petit doigt et l'annulaire peuvent céder, jamais le pouce. La descente de la main, ce n'est pas faire un geste, mais simplement cesser d'agir avec la main. En art équestre tout les prétextes sont bons pour rendre. Toute action de main doit être précédée d'une action du buste, sinon vous n'agissez que sur la tête du cheval. Action de jambe ne veut pas dire nécessairement action de mollets car la jambe du cavalier commence à la hanche. Il suffit souvent que la hanche agisse, c'est à dire que le cavalier s'assoie davantage. Le battement des chevilles au trot assis par exemple est le plus sur moyen de détraquer l'allure. Si vos jambes sont dures, vous courez le risque de recevoir un animal dur dans la main. Les éperons ont beaucoup moins de vertus qu'on ne le pense.  Retenez bien que les erreurs de jambes se paient dans la bouche. Ne perdez pas de vue également que ce sont le rein et les jambes qui poussent le cheval en avant et que les mains ne font que canaliser cette force cette force par des aides de rênes discrètes. Apprenez à suivre le dos du cheval par l'intermédiaire de votre dos. C'est avec le rein que le cavalier domine le cheval, le buste est la pièce maîtresse du cavalier, les bras et les jambes sont les accessoires.

 

IMPULSION, CADENCE, RASSEMBLER, LEGERETE

 

L'impulsion est une disposition morale et physique du cheval à obéir le plus rapidement possible aux ordres du cavalier, à se porter en avant et à conserver sa force propulsive sans le recours des aides. Le cheval impulsionné est celui qui garde la même attitude, la même cadence, la même dose d'énergie dans une allure donnée, sans être porté par le cavalier. Entre la surexcitation et l'impulsion il y a un monde ! L'impulsion c'est une petite vibration chez le cheval, ce n'est pas courir, c'est le maintien de l'énergie dans la cadence, plus on réduit l'étendue et la vitesse de l'allure, plus on augmente l'impulsion. Même à l'arrêt, sentez votre cheval devant les jambes, toujours prêt à avancer dès que vous poussez l'assiette en avant. Beaucoup de cavalier agissent pendant l'exercice qu'ils ont abordé sans assez d'impulsion, alors qu'il faut faire le contraire, les exercices devant assouplir le cheval, comment peut-on l'assouplir si on agit tout le temps? Un cheval cadencé n'est pas un cheval endormi, c'est un cheval qui est reposant à monter mais qui reste vigoureux, pas d'impulsion sans cadence et pas de cadence sans impulsion. Pour obtenir la cadence, créez une bonne impulsion puis agissez le moins possible, c'est alors que le cheval se cadencera. Il est très important d'obtenir une cadence régulière, sans elle, le cheval ne peut être calme car il y a continuellement rupture du rythme respiratoire. Sans cadence il n'y a pas d'équitation valable, car chaque fois que le cavalier oublie de contrôler la cadence, c'est le cheval qui commande !

Faire remonter la cheval sur la main c'est "sentir" que :

la nuque fléchit,

le dos se soulève,

les postérieurs s'engagent

Pour rassembler, ne "chipotez" pas. Renforcez la position académique, avec des jambes qui renvoient sur une main onctueuse. La sensation du rassembler, c'est lorsque le cavalier sent la queue du cheval passer entre ses jambes et non la tête qui va vers l'arrière. La placer de la tête ne suffit pas. Il convient de sentir le mouvement du dos du cheval comme si on chevauchait un félin. La légèreté est la conséquence de l'impulsion et du rassembler.

 

ALLURES, EXERCICES, RECTITUDE

L'une des bases du dressage est la régularité des allure, ne l'oubliez jamais. C'est de la qualité des allures où l'on est que dépend l'allure qui va suivre. Le pas est une allure qui permet de faire accepter bien des choses mentalement au cheval. C'est dans le calme du pas que cavalier et cheval ont le loisir de méditer et de préparer la qualité du trot et du galop qui suivront. Le pas est bon lorsque vous pouvez compter quatre battues égales et que vous sentez le dos qui marche avec les membres. Au moment du départ au trot, il faut avoir la sensation que ce sont les postérieurs qui poussent le cheval, tâchez d'obtenir un trot détaché du sol et non rasant. Quand on fait un cercle, ce n'est pas pour le plaisir de marcher en rond mais pour améliorer quelque chose. Profitez-en pour augmenter l'équilibre, l'impulsion et la rondeur de votre cheval. sur le cercle utilisez le moins possible de rêne extérieure, veillez à ce que le cheval ne pèse pas sur l'épaule intérieure. Il faut que vos fesses aient le même contact des deux côtés. La passage correct du coin, c'est un tas de chose, l'impulsion sur la ligne droite, le début d'un cercle correct ou d'une épaule en dedans... Sur le cercle la colonne vertébrale du cheval doit s'adapter à la courbure du cercle, dans les voltes et les serpentines, veillez à ce que le cheval garde le même contact sur les deux rênes, c'est la preuve qu'il ne casse pas son encolure. La serpentine est un exercice précieux pour l'attitude des sensations, il faut sentir qu'il n'y pas plus de résistance dans une bouche que dans l'autre. Dans les doublers, ne laissez pas s'altérer la vitesse. Prenez souvent la ligne médiane au trois allures pour vérifier la rectitude de votre cheval. Quand sur une ligne, le cheval n'est pas bien droit, balancez légèrement les mains à droite et à gauche pour opposer les épaules aux hanches et cessez quand vous le sentez droit.

Le cheval est droit quand;

quand il conserve la cadence,

quand il n'est pas plus pesant à la main d'un côté que de l'autre,

quand sur la ligne médiane, il peut sur le champ entamer indifféremment une volte de 6 m, à droite ou à gauche

Avant de demander un arrêt il faut mettre le cheval en boule. Pour arrêter , ne portez pas les mains vers l'arrière mais la ceinture vers les mains.

 

TRANSITIONS, ALLONGEMENTS

Dans les transitions il faut veillez à la fixité du bout du devant. Si cette fixité fait défaut, c'est qu'il n'y a pas assez d'impulsion. Un cheval qui l'augmente ou diminue sa vitesse en levant la nuque c'est l'anti-thèse de l'équitation. Si votre cheval passe du pas au trot sans modifier la position de la tête et de son encolure, c'est que le pas était bien impulsionné.

Dans les transitions entre les différents trots, veillez;

à la position stable de la nuque

au maintien de la cadence,

à demander les transitions par le buste et non par les mains.

Dans l'allongement il ne faut surtout pas perdre la sensation de la cadence, descendez la ceinture vers l'avant mais sans mettre les épaules trop vers l'arrière.

Voici l'une des manière de demander un allongement du trot :

Commencez par des variations de trot rassemblé et de trot moyen,

demandez une croupe au mur très active avec un contact un peu plus net sur le filet, surtout sur la rêne extérieure,

redressez le cheval après le deuxième coin du petit côté avec une encolure bien droite,

si besoin est, ne poussez que dans les 2 ou 3 premières foulées de l'allongement.

 

ÉPAULE EN DEDANS

Epaule en dedans

L'épaule en dedans, c'est l'aspirine de l'équitation: elle guérit tout, elle est non seulement un exercice d'assouplissement mais aussi un moyen de domination. Le coin, la volte et l'épaule en dedans sont un ménage à trois. L'épaule en dedans c'est un passage du coin qui se prolonge jusqu'au bout du grand côté du manège, il ne s'agit pas tant que le cheval marche de côté mais qu'il marche ployé. Contrairement à la règle suivant laquelle il faut engager les postérieurs avant d'entamer un exercice, l'épaule en dedans n'est pas un préalable, elle est une conséquence: c'est l'exercice qui fait engager les postérieurs. le but n'est pas de forcer le cheval à faire l'exercice mais à le faire avec un cheval relaxé. Une épaule en dedans mal faite ne sert strictement à rien: c'est tordre le cheval dans la contradiction. Demander une épaule en dedans, c'est plutôt contrôler le côté extérieur que pousser le côté intérieur. Dans l'épaule en dedans c'est la croupe qui pousse et non pas qui traîne derrière une encolure cassée.Par crainte de manque d'impulsion, ne demandez pas une épaule en dedans dans un pas rapide et saccadé. Elle doit s'exécuter dans un pas lent, cadencé, pour que le cheval puisse s'engager et fléchir ses articulations. Dans l'épaule en dedans, les aides extérieures règlent et soutiennent.

Dans l'épaule en dedans "sentez":

que le cheval se porte de lui même,

que la rêne extérieure reçoit toutes les actions de la rêne intérieure,

que vous aidez le cheval en faisant passer alternativement le poids de la fesse intérieure sur la fesse extérieure,

que le cheval met son poids sur le postérieur interne et non sur l'épaule externe.

 

Dans l'épaule en dedans, la jambe intérieure agit à la sangle (pour ne pas faire déraper les hanches), non par plaquage mais par pressions molles. La jambe extérieure peut joué momentanément un rôle en arrière de la sangle pour enrouler le cheval. Une fois l'épaule en dedans entamée, ouvrez les doigts de la main intérieure (descente de la main). Si l'épaule en dedans est bien exécutée, le cheval doit arriver au bout du grand côté plus souple, plus relaxé. Si elle est forcée, il y arrivera encore plus rigide.

 

APPUYER

Le travail latéral n'est valable que si le cheval est impulsionné, cadence, léger. Appuyer, ce n'est pas se précipiter de côté, ce qui serait une façon de se défendre, c'est marcher de cote avec souplesse. N'entamez pas un appuyer si le cheval n'est pas énergique dans son allure. L'une des utilités de l'appuyer est de mobiliser les postérieurs qui doivent pousser la masse. Dans l'appuyer au pas, le cheval ne doit pas faire des entrechats, il faut qu'il marche. Entamez l'appuyer avec une impulsion qui permette de conserver la même cadence, sans ralentir ni tricoter. Si l'appuyer est bien préparé, vous n'avez ensuite qu'à vous préoccuper de la progression latérale. Dans l'appuyer, il faut que le cheval aille a la rencontre de la main du côté ou il appuie. Pendant l'appuyer, ayez la sensation que c'est le postérieur externe qui pousse la masse.
Dans l'appuyer, envoyez votre hanche et votre corps vers votre coude intérieur, ce qui remplacera beaucoup l'aide de la jambe intérieure. Si dans l'appuyer les hanches avancent trop, remplacez l'aide de la jambe extérieure par celle de la rêne extérieure. Dans l'appuyer, regardez l'endroit ou vous allez, cela vous aidera a mettre vos épaules parallèles a celles du cheval. Dans l'appuyer, n'exagérez pas le pli, sinon vous bloquez l'épaule du côté ou le cheval appuie. Pour améliorer un appuyer ou vaincre une résistance, passez de l'appuyer a l'épaule en dedans jusqu'à ce que le cheval donne son côté intérieur, puis revenez a l'appuyer.
Dans un vrai appuyer, le cheval ne doit pas mettre un gramme de poids supplémentaire sur l'épaule intérieure .Pour l'appuyer, appliquez aussi la règle qui consiste a cesser d'agir quand le mouvement est entame. C'est une question de psychologie, la récompense a l'obéissance.
Cessez d'agir, certes, mais gardez les jambes pers du cheval, de façon a pouvoir intervenir rapidement.

 

TRAVAIL AU GALOP

Les qualités d'un bon galop: rond, impulsif, droit, cadencé et léger. Dans les départs au galop, sentez que le cheval lève son arrière-main et ne se jette pas en avant. Le cheval ne doit lever sa nuque ni lors du départ ni pendant le galop. Au galop, ce n'est pas le buste qui doit beaucoup remuer mais la ceinture qui doit mollir. Ne vous contentez jamais d'un départ au galop quelconque, l'amélioration des départs entraînera l'amélioration de la qualité du galop. Plus un cheval ralenti son galop, plus il lui faut de l'impulsion, mais ne cherchez pas à cadencer le galop d'un cheval qui n'est pas rassemblé, vous risquez d'éteindre l'impulsion. Au galop, la rêne extérieure assoit, la rêne intérieure allonge et baisse l'encolure. Au galop, si le cavalier bouge peu, le cheval se cadence mieux. Le cheval doit se porter lui même, au galop, avec la même dose de vigueur que dans les allures précédentes et non être porté par les mains et les jambes du cavalier. Galopez à ce que , si vous rendez les rênes, le cheval n'augmente pas sa vitesse, ce qui nécessite un galop basculant et relaxé. Si votre cheval à tendance à précipiter son galop, jouez avec votre buste et non avec vos mains. C'est la rêne extérieure qui met le cheval droit, en plaçant les épaules devant les hanches. Quand vous galopez autour d'un manège, considérez chacun des quatre coins comme un petit morceau d'épaule en dedans, c'est l'un des secrets de réussite des changements de pied sur la diagonale. Il est parfois utile d'élever un peu les mains pour ralentir le galop et asseoir le cheval.

 

CHANGEMENT DE PIED

Un changement de pied, c'est un départ au galop à partir d'un galop. Pour obtenir un bon changement de pied, il faut surtout perfectionner le galop initial. pour que le changement de pied soit bon, il faut que le galop soit bondissant, il faut sentir que le cheval bascule. L'un des secrets des changements de pied est d'avoir les épaules du cheval dans la même ligne que les hanches; or beaucoup de cavaliers les abordent avec les hanches en dedans. Quand on rapproche les changements de pied, il est indispensable d'avoir une tension égale des deux rênes, sans quoi les changements de pied ne seront jamais droits.

 

PIAFFER, PASSAGE

Il faut que le cavalier sache exactement a quelle occasion commencer l'apprentissage du piaffer. Avec certains chevaux, il est utile de commencer tôt le piaffer a pied. Avec d'autres, le piaffer monte demande trop tôt peut être une grave erreur pour toute la vie du cheval. Le piaffer doit être un moyen a la disposition du cavalier pour arrondir le cheval et le dominer. Le piaffer doit toujours être une prise d'équilibre. Dès le début du dressage au piaffer, il faut que le cheval soit absolument droit.
Le grand écueil du piaffer, c'est que la plupart des cavaliers veulent, des le début, obtenir trop de geste. Ils oublient qu'avant qu'il ne se lève, le cheval doit rester aussi calme et relaxe qu'au pas.
Dans la demande du piaffer, il faut que le cavalier arrête le cheval quelques battues avant qu'il ne veuille lui-même s'arrêter. Avec certains chevaux qui n'ont pas beaucoup de force dans l'arrière-main, il est préférable de demander les débuts du piaffer avec la tète un peu basse. Dans le dressage au piaffer, il faut souvent arrêter et laisser ensuite le cheval se calmer et allonger son encolure. I1 faut bien connaître la force que son cheval a dans les jarrets afin de sentir a quel point on peut l'asseoir dans son piaffer.


L'une des choses les plus importantes dans le tact d'un dresseur est de savoir exactement à quelle dose de décontraction et d'influx nerveux il faut faire appel pour l'exécution de tel ou tel exercice. Pour le piaffer, on a tendance à faire appel à trop d'influx nerveux; en conséquence, chaque fois qu'on demande le piaffer, le cheval est toujours un peu excité. Baucher avait raison: dans le piaffer, un petit balancement de main de gauche a droite et de droite a gauche aide à redresser le cheval et à le cadencer.


Dans l'exécution du piaffer, n'oubliez jamais le principe "placer et laisser faire". Quand vous sentez que le cheval piaffe avec tout son cœur: descente de mains et descente de jambes.
La marque d'un bon piaffer et d'un bon passage, c'est le temps de suspension de chaque diagonale plutôt que trop d'élévation avec peu de suspension.
Pour le piaffer, le travail à pied et au mur doit être fait avec beaucoup de tact et de délicatesse. Dans le travail du piaffer a pied, l'aide de la cravache est très importante. I1 faut que le cheval accepte le contact de la cravache sur tout le corps, qu'il ne s'effraie pas chaque fois que le cavalier fait un geste avec le bras qui tient la cravache, et que son oeil reste confiant.
Dans le travail du piaffer a pied, il faut, pour chaque cheval, savoir a quel endroit toucher l'arrière-main, voir quelle attitude il prend quand il est touché à tel ou tel endroit.
Aux longues rênes, le travail du piaffer peut être très profitable à l'impulsion et à la rectitude.
L'enseignement prématuré du passage est grave. Le néophyte qui monte un cheval ayant tendance à planer son trot et qui en profite pour mettre son cheval au passage-qui n'est pas alors un passage rassemblé mais un passage de gazelle-commet une erreur qui va gâcher définitivement le trot de son cheval.

 


Au début du passage certains chevaux lèvent plus un diagonal que l'autre. Déterminez d'abord si c'est le postérieur qui a de la difficulté à s'engager ou l'épaule qui a de la difficulté à se lever. Dans le premier cas, la jambe opposée à cette diagonale doit agir au bon moment avec plus d'intensité. Dans le deuxième cas, il est recommandé d'incurver un peu le cheval du côté le plus actif, de façon à ce que l'épaule du diagonal paresseux soit plus ouverte, ce qui facilite l'élévation. La perfection du passage ne peut pas être atteinte sans avoir préalablement bien travaillé le cheval au trot d'école.
Ne demandez pas de transitions passage/piaffer avant que le cheval soit bien confirmé dans son passage sur les cercles, les huit de chiffre et tous les exercices.
C'est une erreur de penser que, pour exécuter une transition du passage au piaffer, il est toujours nécessaire de demander plus d'énergie. Cela dépend du cheval. Avec certains chevaux, il faut mettre délicatement l'arrière-main en position de faire la transition et la soulager ensuite.
Avec un cheval fin et bien mit, c'est par la ceinture qu'on demande la transition passage/piaffer et piaffer/ passage. La ceinture du cavalier doit être très décontractée et son dos doit bien sentir le dos du cheval.
Pour que, dans l'exécution du passage et du piaffer, le cheval donne tout le brillant que comporte son ensemble, il faut que la légèreté soit constante et que les jambes du cavalier soient descendues Alors, le cheval pointe les oreilles en avant, grandit son devant par l'engagement des postérieurs et se montre fier, en se plaisant dans son air.

Notes de stage prises par le Docteur Lebreton chez le Maître Nuno Oliveira, en janvier 1968 à Povoa de Santo Adriano :

 

L'essence de la méthode peut se ramener à quelques grands schémas :

 

A/ A la base, il y a l'impulsion, sans laquelle aucune équitation n'est possible.

Celle -ci en puissance dans un cheval rassemblé, n'est le fait, ni d'attaques par les éperons, ni de la vitesse.
L'ouverture des doigts la matérialise par une accélération instantanée de l'allure et, en quelque sorte sans le secours des jambes.

 

B/ La souplesse du cheval, mère des airs de Haute Ecole, est donnée par l'épaule en dedans.

Cette figure contient l'ensemble des exercices possibles.

"C'est la première et la dernière des leçons".

 

C/ Mais cette épaule en dedans, ne peut-être obtenue et donc ne doit être demandée, que sur un cheval décontracté dans sa bouche et dans sa mâchoire.

Cette décontraction place en bonne position, et d'elle-même la tête. Elle empêche l'animal de se braquer contre la main ou la jambe du cavalier.

Elle est le préalable obligatoire à toute demande de mouvement. C'est le pianotement de bas en haut, des doigts sur les rênes qui l'obtient et au besoin l'entretient.

 

Corollairement des notions physiologiques élémentaires :

Comprendre, que sur des rênes tendues, la mâchoire du cheval est obligée de se crisper et de se contracter sur le mors, puisque cette tension en le plaquant contre la mâchoire inférieure rend impossible ou difficile, son libre jeu dans la bouche.

Cette tension va donc à l'encontre du but recherché.

C'est pourquoi, la légèreté, si elle exige le contact, exclut l'appui.

Ce contact est donné par "le poids du cuir", ainsi que l'écrit le Maître dans ses "Réflexions sur l'Art Equestre".

 

Décontraction absolue de tout le corps, des doigts, des mains, des bras, des épaules, et surtout des jambes du cavalier.

Elles ne doivent en aucun prix être plaquées contre les flancs.

La crispation d'un segment du corps entraîne une crispation mentale incompatible avec l'équitation académique.

 

Mains en beurre, jambes en coton...Vous êtes un infirme que l'on a enfourché sur un cheval.

Ne jamais bouger les mains, de crainte d'entraîner des actions brutales sur la bouche du cheval.

Pianotement des doigts de bas en haut, sur les mors de filet et bride, les mobilisent dans la bouche et ainsi décontractent la mâchoire.

Les battements de jambes éteignent le cheval et le blasent, ils tuent l'impulsion.

On parle souvent du tact de la main, que ne parle-t-on de celui de la jambe tout aussi nécessaire ?

Quand l'impulsion s'éteint, on la réveille par un bref rappel de mollet, ou de talon, ou de l'éperon, qui en est l'ultime prolongement.

Pour passer de l'arrêt à la marche, jamais de battements de mollets, mais une pression de ceux-ci, ou des talons, ou des éperons sur les flancs, en même temps que l'on ouvre les doigts et que le buste se penche imperceptiblement en avant.

On obtient l'accélération de l'allure, ou le passage à l'allure supérieure, non par des battements de mollets, mais en rassemblant préalablement le cheval.

Celui-ci étant rassemblé, ouvrir les doigts.

Le cheval instantanément augmente la vitesse du pas ou bien passe du pas au trot.

On rassemble le cheval par pianotement des doigts sur les rênes -sorte de mini-arrêt-, si nécessaire par de discrets demi-arrêts et si nécessaire aussi , par un rappel de mollets.

 

Pour procéder au demi-arrêt :

1/ Lâcher le contact avec la bouche du cheval.

2/ Saccade sans brutalité de bas en haut, comme pour soulever cette bouche.

3/ Lâcher instantanément ce contact passager.

On ralentit ou on arrête le cheval en serrant les doigts sur les rênes, et en portant très légèrement le buste en arrière, et en ne serrant pas les mollets.

C'est l'équitation du Capitaine Breudant :

" Mains sans jambes, jambes sans mains."

 

Le petit côté du manège (où l'on a rassemblé le cheval) contient l'allongement que l'on demandera sur le grand côté ou sur la diagonale.

Ce n'est pas par battements de jambes au début de cette diagonale ou de ce grand côté que cet allongement s'obtient, mais par une discrète ouverture des doigts.


Du Galop :

On ne part pas au galop en mettant le corps en arrière, ce qui aurait pour effet de lever les mains et de tirer sur la bouche du cheval.

La position du départ au galop est celle, très momentanée, de l'épaule en dedans :

- jambe extérieure en arrière, jambe intérieure à la sangle, ployant le cheval sur celle-ci, cheval regardant le pied sur lequel il galope, quelque soit la direction qu'il emprunte.

Par exemple départ au galop sur le pied droit :

- Cheval imperceptiblement incurvé à droite, sur la jambe droite du cavalier à la sangle, jambe gauche en arrière de la sangle, comme pour aider l'incurvation de l'animal.

Cheval regardant à droite, par serrement des doigts sur la rêne droite, même si le cheval est à main gauche.


Changement de pied au galop :

Le cheval est dressé au changement de pied au galop par les aides diagonales.

L'assiette est immobile.

Etant au galop sur le pied gauche, au commencement :

Pour changer de pied à droite, faire regarder imperceptiblement le cheval à droite, et , immédiatement après, faire sentir la jambe gauche en arrière.

Dans les changements de pied au temps, le cheval absolument droit reçoit ses indications de la jambe externe seulement, et pour ainsi dire par la pensée.

 

Les éléments d'une reprise comportent :

 

A/ Un temps de pas

Durée environ 1/4 d'heure. Pas droit et cadencé. N'entamer n'importe quelle figure que dans un pas ralenti, rassemblé, cadencé.

Si pour une raison ou pour une autre le cheval ne se cadence pas (manque de dressage, faute de jambe, inexpérience de main), s'il se défend ou tricote, mise immédiatement au pas sur une volte.

En principe celle-ci a comme longueur deux longueur de cheval, c'est à dire 6 mètres. Epaule en dedans en sortant du cercle le long du mur.

Appuyer en sortant de l'épaule en dedans, soit dans la diagonale du manège, soit tête au mur, soit au milieu du manège, parallèlement au grand côté.

Ceci aux deux mains.

Contre changement de main.

Par exemple à main droite sur le début du grand côté.

Au commandement , -contre changement de main- 4 pas en appuyer à droite, remettre le cheval droit, puis 4 pas en appuyer à gauche pour rejoindre le mur.

Dans ce dernier mouvement, le cheval a tendance à se précipiter et à se plaquer contre le mur. L'en empêcher par la jambe intérieure c'est à dire celle à la sangle.

 

B/ Temps de trot
Au trot d'école, même programme, même durée.

 

C/ Temps de galop :

Pas moins d'un quart d'heure avec contre galop.

Volte au contre galop.

Ne jamais oublier que le cheval regarde le pied sur lequel il galope.

Appuyer dans la diagonale.

Changement de pied avec le cheval complètement droit sur le grand côté ou sur la diagonale.

 

D/ Passage et piaffer :
Il est bien précisé que l'on ne demande rien au cheval s'il précipite son pas, si celui-ci n'est pas cadencé, si l'on n'a pas obtenu cession de la bouche par le pianotement des doigts sur les rênes.

Si ces conditions ne sont pas réunies, mettre le cheval doucement sur la volte par le frôlement de la botte.

Dès qu'il se cadence, et la volte l'y oblige, le remettre en ligne droite, et passer à l'épaule en dedans en sortant du coin qui en contient l'incurvation.

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Le coin contient la courbure de la volte, de l'épaule en dedans, et de l'appuyer.

Au manège, le passage des coins est indispensable pour arrondir le cheval sur la jambe interne.

Si le cheval chasse des hanches (le plus souvent à l'intérieur) le mettre sur une petite volte en veillant à la cadence

 

Nuno OLIVEIRA

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